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Dispersions de vitesse dans les amas

La composante cosmologique du décalage vers le rouge d'un amas n'est pas un paramètre observable directement, car nous pouvons seulement accéder aux décalages vers le rouge des galaxies individuelles. Il faut donc adopter une procédure qui puisse nous donner cette quantité, avec en outre la dispersion de vitesse de l'amas et les erreurs associées, et qui effectue toutes les corrections nécessaires. Dans ce qui suit, je décrirai la procédure de Danese et al. (1980), que j'ai utilisée pour étudier quelques amas du catalogue ACO.

Supposons connaître un nombre n de décalages vers le rouge de galaxies dans le champ d'un amas.

Nous ferons l'hypothèse que le redshift d'une galaxie est indépendant de sa masse. Alors , et

Cela est vrai si l'amas dans lequel la galaxie se trouve a subi une relaxation violente (Lynden-Bell, 1967), avec équipartition des vitesses, et qu'il se trouve encore dans la phase initiale de relaxation à deux corps, qui cause l'equipartition de l'énergie.

Pour calculer le décalage vers le rouge moyen observé de l'amas, il faut calculer la moyenne des n décalages vers le rouge observés des galaxies, et il est naturellement indispensable d'avoir une estimation fiable des erreurs qui affectent cette mesure.

Or, nous sommes confrontés à deux types d'erreurs: les erreurs dûes à l'incertitude sur chaque , (qui dérivent de la résolution finie de l'instrument, des calibrations, etc.), et les sampling errors, dues au nombre fini d'objets utilisés pour estimer la vraie distribution.

La première incertitude due aux erreurs d'observation (i=1,...n est simplement donnée par . L'estimation des sampling errors n'est pas difficile si l'on fait comme autre hypothèse que les décalages vers le rouge suivent une distribution normale. Cela semble être souvent le cas (Yahil et Vidal, 1977), et cette hypothèse a des justifications theoriques. Il ne faut pas oublier pour autant les cas de sous-structures existant dans des amas subclustering. Si et sont les estimations, calculées à partir d'un échantillon avec n galaxies, respectivement du vrai décalage vers le rouge moyen et du vrai écart-type, alors dans ce cas la quantité suit la distribution de Student t avec degrés de liberté.

Il est convenient de choisir une incertitude au niveau de confiance de 68%, car la t(0.68) de Student devient 1 pour .

a été negligé.

Nous pouvons calculer la vitesse radiale de chaque galaxie relative à la vitesse moyenne observée de l'amas (que nous avons supposée coïncider avec le centre de masse de l'amas):

Pour estimer la dispersion de vitesse , nous devons soustraire la contribution donnée par les erreurs de mesure des vitesses :

Avec les hypothèses que nous avons exposées, si est la vraie dispersion de vitesse de l'amas, alors la quantité suit une distribution du .

Les incertitudes dans la dispersion de vitesse, avec par exemple un niveau de confiance de 68%, peuvent ainsi être estimées:

.

Finalement, si nous voulons avoir des quantités physiques telles ques les distances, ou les temps de regard en arrière ( lookback times), à partir des décalages vers le rouge cosmologiques, il nous reste à choisir un modèle cosmologique.

Beers et al. (1990) ont décrit d'autres statistiques ``robustes" qui ne dépendent pas de l'hypothèse de gaussianité des vitesses de l'amas; ils notent qu'en présence d'écarts aux conditions gaussiennes, la méthode de Danese et al. peut conduire à des intervalles de confiance trop grands pour l'estimation de la moyenne et des intervalles trop petits pour la dispersion. Or, il est vrai que l'existence éventuelle de sous-structures et le petit nombre d'objets pris en considération peut conduire à des erreurs, qui affectent significativement la détermination de la masse de l'amas, car elle dépend du carré de la dispersion de vitesse. Néanmoins, l'expérience montre que lorsque l'on étudie des amas réguliers, les résultats obtenus avec les diverses statistiques ne sont pas significativement différents.

Je fais ici une dernière considération à propos de la mesure de la dispersion de vitesse d'un amas. Les observations nous donnent un échantillon de galaxies à z différents. Si le décalage vers le rouge d'une galaxie est très différent du redshift moyen des autres galaxies, il est évident que la galaxie ne fait pas partie de l'amas. Si, au contraire, la différence est légère, il y a un certain degré d'ambiguïté sur l'appartenance ou non de la galaxie à l'amas. Un critère qui permet de discriminer les membres d'un amas est la méthode du clipping (Yahil & Vidal, 1977). Il faut calculer le z moyen des galaxies; on sélectionne le z qui s'écarte le plus de cette valeur moyenne, et l'on recalcule le z moyen sans tenir compte de cet objet. Si le décalage vers le rouge de l'objet est à plus de de la nouvelle moyenne, alors on considère qu'il n'est pas membre de l'amas, et on recommence avec la même procédure, jusqu'au moment où le décalage vers le rouge qui s'écarte le plus de la moyenne est néanmoins à moins de de la moyenne des autres décalages vers le rouge.



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alberto cappi
Wed Feb 5 10:43:08 MET 1997