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Galaxy surveys: description d'un programme clé de l'ESO

En 1978, Joêver, Einasto & Tago ont proposé que la distribution à grande échelle des galaxies pouvait être representée comme un ensemble de filaments séparés par de vides et connectant les amas de galaxies. La vision d'un univers peuplé par de grandes structures et grands vides a bientôt été confirmée par la découverte du vide du Bouvier (Kirshner et al., 1981) et par le survey à 21cm du superamas de Pisces-Perseus (Gregory et al., 1981; Haynes & Giovanelli, 1986; Giovanelli et al., 1986).

Les catalogues CfA et SSRS ont montré l'importance des surveys des galaxies pour la compréhension de la structure de l'Univers et de son évolution. Jusqu'aux échelles de l'ordre de 50 Mpc on n'arrive pas à observer une distribution homogène pour les galaxies. La question qui se pose est alors, où l'homogénéité est-elle atteinte? À quelle échelle peut-on dire avoir un ``fair sample"? Si des structures existent à des échelles beaucoup plus grandes, les théories standard CDM  de formation des galaxies vont forcement en crise. En plus, récemment un autre aspect surprenant de la distribution des galaxies a été découvert: Broadhurst et al. (1990) ont observé une périodicité de Mpc en coordonnées comobiles, dans deux pinceaux centrés sur les pôles galactiques nord et sud. Plusieurs auteurs ont étudié la signification statistique de cette periodicité. Dekel et al. (1992) trouvent par exemple que l'hypothèse de fluctuations gaussiennes avec une échelle caractéristique de 100 Mpc (une échelle naturelle pour un univers ouvert, ) dans le spectre de puissance, peut produire des structures présentant la periodicité observée dans quelque pour-cent des cas, mais ils affirment que si l'on devait observer d'autres structures avec cette periodicité, les fluctuations gaussiennes pourraient être rejetées avec un plus haut degré de confiance.

Le problème reste donc ouvert, montrant la nécessité d'aller plus loin dans l'étude des structures à grande échelle, en construisant des catalogues plus étendus et plus profonds.

Un autre problème ouvert concerne l'évolution en luminosité des galaxies. Il est aujourd'hui reconnu que les comptages de galaxies en fonction de la magnitude apparente sont amplement supérieurs aux prédictions des modèles cosmologiques standard (Tyson, 1988). Une solution naturelle à ce problème consiste à construire un modèle d' évolution en luminosité pour les galaxies. Or, si cette évolution est à peu près la même pour toutes les galaxies, la distribution des galaxies en fonction du décalage vers le rouge devrait montrer un excès de galaxies à des décalages vers le rouge élevés lorsqu'il y a évolution. Paradoxalement, des résultats recents (LDSS survey, Colless et al., 1990) montrent que jusqu'à une magnitude limite on ne trouve pas de galaxies au delà d'un certain seuil (), et la distribution des galaxies en fonction du décalage vers le rouge est même compatible avec une hypothèse de non-évolution! Pour expliquer ce fait il a été suggeré que l'évolution des galaxies pourrait dependre de la luminosité, et que les galaxies les plus faibles auraient l'évolution la plus rapide (l'existence d'une population de galaxies naines à de petits décalages vers le rouge est par ailleurs confirmée par un récent travail de Tresse et al., 1993). Le merging pourrait avoir un rôle très important (Rocca-Volmerange & Guiderdoni, 1990; Guiderdoni, 1993).

L'hypothèse peut être raisonnable, mais il est clair que nous sommes confrontés à toute une série de difficultés, du fait que la fonction de luminosité (sa forme et surtout la normalisation) est connue avec beaucoup d'approximations dans sa partie faible. Ceci traduit bien la nécessité de travailler sur des catalogues de galaxies encore plus profonds et plus fournis.

C'est dans ce but que le key-programme que je vais décrire a été conçu (Vettolani et al., 1992a et 1992b; voir l'appendice).

Le programme clé a pour titre A Galaxy Redshift Survey over a Fair Sample of the Universe et il est le fruit d'une collaboration entre les observatoires de Bologne, Edinbourgh, Paris-Meudon et Milan. Son objectif est d'obtenir les décalages vers le rouge des galaxies dans une région rectangulaire du ciel de 40 degrés carrés (; plus une région à une distance de de dimensions dans la région du Pole Galactique Sud) avec le spectrographe multifibre OPTOPUS  au télescope de 3.6m de l'ESO à La Silla. La magnitude limite choisie correspond à une profondeur effective de 600 Mpc (). Le catalogue de galaxies a été preparé à Edinburgh, à partir d'une digitalisation automatique des plaques J et d'un algorithme automatique de séparation étoiles-galaxies.

Il est prévu d'utiliser MEFOS  dans la dernière phase du projet (je décrirai cet instrument ultérieurement). Le dépouillement des spectres est effectué suivant une procédure standard, et les décalages vers le rouge sont calculés par corrélation croisée des spectres des galaxies avec des spectres d'étoiles de réference (Tonry & Davis, 1979).

Actuellement on a analysé les premières données, soit environ 700 décalages vers le rouge. Le programme sera formellement conclu fin 1993, mais il faudra récupérer quelques nuits perdues à cause du mauvais temps. On a des résultats preliminaires (voir annexe), que je résume ici brièvement. Nous trouvons une proportion très grande de galaxies à raies d'émission (43%). La fonction de luminosité des galaxies à raies d'émission est significativement différente de celle des autres galaxies. Les paramètres de la fonction de luminosité totale sont comparables à ceux de Loveday et al. (1992): nous trouvons et . Mais Loveday et al. ont une magnitude limite , c'est à dire que leur catalogue est moins profond que le nôtre. Il faut conclure que la fonction de luminosité de galaxies ne montre aucun signe évident d'évolution jusqu'à Mpc . Un autre aspect, plutôt surprenant, est que nous retrouvons la même periodicité en redshift des structures que Broadhurst et al. Avec le dépouillement des dernières observations de 1992, nous arriverons à avoir plus de décalages vers le rouge, et nous pourrons ainsi vérifier la significativité statistique d'une telle periodicité.



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alberto cappi
Wed Feb 5 10:43:08 MET 1997